L’imposition des pass sanitaires représente une extension majeure du pouvoir de l’Etat. Bien que présentés comme un outil de restoration des libertés de l’ère de la pré pandémie, en realité ils risquent de conduire à une extension des restrictions imposées à ceux qui refusent de se mettre au pas.
Il y a aussi des indices qui suggèrent que les pass sanitaires sont en fait un des pans d’un plus vaste projet, dont l’objectif est d’introduire un système biometrique d’identité digitale. L’UE planifiait déjà les pass sanitaires en 2018, bien avant que quiconque ait entendu parler de Covid-19. Il y a aussi d’autres initiatives inquiétantes, telle que ID2020, qui ont le soutien d’influentes fondations qui bénéficient d’un accès privilégié aux gouvernments Occidentaux.
Le Royaume-Uni semble poursuivre un chemin similaire au plan domestique, en s’embarquant dans un programme d’identité digitale, qui met à mal les libertés individuelles de manière plus générale. Sous le gouvernement de Tony Blair, un projet dont le but était d’imposer des cartes d’identité avait été envisagé, et tout semble indiquer qu’au sein de l’Establishment, les initiatives high tech dérivées, aient la côte.
Ce programme semble progresser rapidement dans les pays dits en voie de développement où des projets de carte d’identité digitale souvent financés par les fondations et gouvernements Occidentaux, sont pilotés, et consistent à contrôler l’accès aux services essentials et même à la nourriture.
Dans un tel contexte, les pass sanitaires peuvent être vus comme un tremplin de lancement des cartes d’identité digitales, un moyen de conditionner le public à les présenter sur demande, et à les accepter.
De telles cartes d’identité contiendront non seulement les historiques médicaux, les informations financières, biométriques, et toute autre donnée personnelle. Ces cartes d’identité représenteraient une atteinte au principe du respect de la vie privèe, mais elles pourraient devenir obligatoires pour exercer le droit de vote, accéder au marché de l’emploi, pour effectuer des transactions, et avoir accès aux services de santé etc.
Elles donneraient le pouvoir aux gouvernements d’exclure ceux qui refusent de participer au système, mais aussi ceux qui accepteraient d’utiliser ces cartes d’identité, mais dont les prises de position sur certaines questions épineuses, ne seraient pas du goût des élites. Les dissidents pourraient se retrouver à voir leur accès aux services de base bloqué, de manière à les punir et en même temps à les pousser en douceur à s’aligner.
L’imposition des pass sanitaires serait moins inquiétante si elle avait lieu dans un contexte autre que celui actuel d’expansion rapide de l’Etat policier. Les intentions véritables des gouvernements sont d’autant plus suspectes du fait de la faiblesse des arguments avancés, liés à la santé publique, et qui ne tiennent pas debout.
C’est un secret de polichinelle que le véritable motif derrière l’introduction des pass sanitaires est d’encourager les jeunes à se faire vacciner. Nous sommes face à une menace: si vous ne vous faites pas vacciner, vous aurez du mal à voyager, et vous ne pourrez pas fréquenter les bars et restaurants.
Le problème avec cette approche, c’est que pour la majorité des jeunes, il n’y a aucune garantie que les avantages de la vaccination anti Covid-19 l’emportent sur les inconvénients. A l’heure actuelle, il n’y a aucune prise de recul qui permet d’identifier les effets de la vaccination sur le long terme, de ce fait, les décideurs politiques semblent avancer dans l’obscurité. Ce qui est moins clair, c’est jusqu’à quel point ces traitements sortis des sentiers battus empêchent la transmission du virus. Il y a aussi le risque que du fait d’avoir été vaccinées, certaines personnes relâcheront leur garde.
Un scénario plausible est que les vaccins pourraient ne pas être aussi efficaces qu’on l’espère, notamment en ce qui concerne le fait de tomber malade ou de contaminer autrui. Il y a aussi le risque que les effets secondaires liés à la vaccination soient plus prononcés et plus fréquents que ce que les gouvernements et les médias admettent. En même temps, les vaccins et toute la désinformation risquent d’encourager ceux qui les reçoivent à se comporter comme s’ils ne peuvent pas attraper ou transmettre le Covid-19. De telles évolutions pourraient avoir un effet négatif sur les objectifs cités, et les pass sanitaires en seraient partiellement responsables.
Finalement, toute évaluation des pass sanitaires devrait se pencher sur leur impact économique. On peut assumer qu’une partie de la population va refuser de se faire vacciner, peut-être parce qu’elle s’estime à faible risque d’attraper le Covid-19, ou d’en tomber sérieusement malade.
Disons que 10% des adultes font partie de ce groupe, en plus d’un pourcentage considérable d’enfants (ces chiffres pourraient être bien plus élevés dans certains pays). Une partie des commerces forcés d’exiger des pass sanitaires comme condition d’entrée pourraient en voir leur chiffre d’affaire réduit. Beaucoup de clients ne voudront pas subir les tracasseries qui consistent à se faire tester, si telle est l’alternative. De plus, la distribution des non vaccinés risque de ne pas être la même en fonction des zones géographiques, des groupes d’âge, des communautés, et de ce fait, certains commerces dans certaines zones geographiques sont plus à risque d’être affectés.
Certains commerces pourraient par contre estimer que le jeu en vaut la chandelle, et estimer que cette option est préférable à un retour au confinement et autres restrictions. Et pourtant, présenter les pass sanitaires comme des alternatives au confinement et à la distanciation sociale s’appuie sur des postulats que l’on peut facilement remettre en question, notamment concernant l’impact des vaccins sur les infections, la transmission et les attitudes. De toute façon, au vu de la récente trajectoire autoritaire des gouvernements, il est très probable que cet hiver, ils décident d’imposer simultanément les pass sanitaires et les confinements draconiens.
L’impact des pass sanitaires sur le marché de l’emploi risque d’être sérieux. Il semble que certaines personnes ne pourront plus travailler dans certains secteurs d’activité du fait de leur refus de se faire vacciner. Ils auront aussi beaucoup de mal à voyager à l’étranger. Certains patrons devront donc faire face à un vivier réduit de talents et d’expertise, ce qui pourrait conduire à des difficultés au niveau du recrutement et à des pénuries de personnel. Ça risque de devenir de plus en plus difficile de trouver le meilleur candidat pour un poste.
Les opportunités pour les entrepreneurs et pour les échanges avec les partenaires internationaux vont être réduites. Certaines personnes non vaccinées pourraient aussi décider de réduire leur activité économique, en réponse à ces nouvelles tracasseries et discriminations. Ce qui risque d’avoir un effet négatif sur la productivité, et de contribuer à réduire la croissance économique, et aussi à compresser les finances publiques dans le même temps.
Pour conclure, il est difficile d’établir que les bénéfices des pass sanitaires l’emportent sur leurs inconvénients. En effet, si l’objectif des pass sanitaires est de protéger la santé, tout en réouvrant l’économie, dès lors, le raisonnement avancé pour leur mise en oeuvre semble biaisé. Il est difficile d’imaginer que les leaders politiques, ou du moins les conseillers et les fonctionnaires n’aient pas conscience des désavantages. Ceci renforce les soupçons qu’il y a autre chose qui se cache derrière les pass sanitaires. Se pourrait-il que leur introduction vise à conditionner le public à accepter l’utilisation de masse des cartes d’identité digitales, destructrices du principe de respect de la vie privée?
Richard Wellings
Translated by Jamila Nana
Image: Shutterstock